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Youssef Alloul – Road of success

Photo José Cicchi

Pourquoi avoir choisi de développer la cuisine marocaine ?
Au départ je n’étais pas prédestiné à faire de la cuisine marocaine. Lorsque je vivais en Belgique où il y a une grande communauté marocaine, l’idée d’ouvrir un restaurant marocain ne m’a jamais traversé l’esprit car généralement, tout le monde mange à la maison. Par contre, quand je suis arrivé à Dubaï, j’ai ressenti un manque du côté familial et cuisine traditionnelle, j ai donc commencé des recherches. J’ai démarré avec un service de traiteur français mais ce fut une mauvaise idée… Je me suis donc rattrapé en ramenant un chef marocain, j’ai nommé ce service Moulay Youssef en référence à ma famille (on a toujours eu ce titre), j’ai créé la carte avec lui en insérant des petits menus et ça a été un franc succès. Les clients me contactaient directement et j’allais personnellement les livrer avec la camionnette du traiteur. Quand j’ai constaté qu’il y avait de plus en plus de demandes, j’ai décidé de m’installer dans un quartier haut de gamme afin de rehausser l’image du Maroc, de sa cuisine et de lancer mon premier restaurant Moulay Youssef. J’ai pu savourer le vrai succès ! La cuisine marocaine est une référence à l’internationale par ses saveurs et la générosité de ses plats. Donc très vite nous avons ouvert un second restaurant, puis un troisième au Dubaï Mall. Je suis très fier d’avoir fondé la premiere chaîne de restaurants marocains dans un pays du Golf. Pour moi Dubaï reste le nouvel Eldorado arabe!

Comment as tu eu l’idée de lancer « kif kif » ?
J’étais associé à un Emirati issu d’une grande famille qui voulait récupérer pour lui seul la chaîne de restaurants. Donc j’ai vendu mes parts à contre cœur. Mais, j’étais heureux car les clients me cherchaient sans cesse! Sans Moulay Youssef, c’était comme le thé à la menthe sans la menthe !(Rires) Alors, j’ai décidé de revenir avec le même concept mais différemment. Nous l’avons modernisé et ajusté, nous avons conçu une carte marocaine avec une touche internationale, comme par exemple le tiramisu à l’amlou. Nous avons innové ! Nous avons ensuite lancer une holding qui se nomme Toubkal, en référence à la plus grande montagne du Maroc, et depuis nous avons implanté 14 restaurants! De grands groupes veulent nous racheter, mais nous refusons, nous restons 100% marocain ! Nous voulons prouver que les marocains sont volontaires et travailleurs !

Tu as d’autres projets à venir ?
Nous travaillons sur plusieurs projets à Dubaï dont une usine de pâtes fraîches, de charcuterie fine et sur la fabrication de gouda ! Nous allons faire le premier fromage hollandais à base de lait saoudien ! Nous avons un autre grand projet de restaurant, le « Moja », ce sera le premier restaurant marocain de poissons et de fruits de mer importés du Maroc ! Une première! Nous sommes sûrs et certains que ça va fonctionner car le Maroc est l’un des pays les plus riches en poissons. Nous allons mettre nos régions et nos villes en avant telles que Tanger, Al Hoceima et aussi Agadir, et Dakhla.

Tu as eu un parcours difficile, peux-tu nous le raconter pour nos lecteurs ?
Enfant, j’étais très actif et j’étais toujours prêt à faire rire mon entourage. J’ai même pensé que j’allais devenir humoriste tellement j’aimais rire ! J’ai eu une éducation stricte et mon père était sévère donc je me relâchais à l’école. A l’époque, dans les années 80, c’était vraiment difficile d’être enfant d’immigrés, j’étais relégué au fond de la classe, je subissais le racisme donc les remarques…il fallait se battre pour faire sa place ! Une nuit, à mes 12 ans, mon père est venu me réveiller pour me dire : « réveille-toi et va travailler !! ». Je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait, je voyais que ma mère avait peur. Mon père m’a emmené en voiture, il faisait très froid, et il m’a déposé dans la ville en me disant de me débrouiller pour trouver un travail sinon je ne pourrai plus rentrer à la maison ! Et il est parti ! J’ai pleuré pendant 5 minutes puis j’ai pris sur moi et je suis allé chercher un travail. Au bout de trois heures, une vieille dame m’a aperçu et m’a engagé pour 8 euros la journée. Quand je suis rentré, j’étais fier et content de moi. J’ai donné mon premier salaire à ma mère. (Sourire) Le lendemain j’ai du me débrouiller seul pour aller au travail, j’ai donc acheté un vélo à la brocante du coin. Après, j’ai enchainé les petits boulots au marché. C’est ce jour-là que j’ai eu ma première leçonde vie et que j’ai démarré dans le business. Mon père était fier de moi, je sais qu’il a fait tout ceci pour mon bien et je le remercie pour cet apprentissage de la vie. J’ai appris à anticiper les problèmes, à ne pas abandonner et à avoir une parole!
Je suis content car « je me suis fait tout seul »

où te vient ton inspiration ?
Marrakech m’a beaucoup inspiré, avec ses routes, sa médina, ses goûts et ses saveurs. Par exemple, j’ai décoré la terrasse d’un de mes restaurants avec des corbeilles de pain colorées marocaines. Je les ai customisées en lampadaires ! Même des designers ont été impressionnés ! (Sourire) Mon pays, le Maroc est ma meilleure source d’inspiration

Quel est ton plat préféré ?
Le tajine d’artichauts à la viande car enfant, je détestais les artichauts et ma mère me faisait ce plat en me faisant croire que c’était des patates douces ! Résultat, j’adorais ça ! (Rires) Bien plus tard, elle m’a avoué la supercherie ce qui m’a bien fait rire!

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