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55,55 CARATS DE LÉGENDE

Marion Cotillard photographiée par Karim Sadli portant le collier N°5 serti d'un diamant de 55.55 carats créé à l'occasion des 100 ans de célébrité du parfum N°5. 2021. - © KARIM SADLI /CHANEL

À l’heure où Chanel choisit Marion Cotillard pour porter le collier « 55.55 », Thomas du Pré de Saint Maur, le directeur général des ressources créatives parfums beauté et horlogerie joaillerie de la maison, nous présente la collection inspirée par le centenaire de l’iconique N° 5.

Quels sont les liens que vous établissez entre le parfum N° 5 et les bijoux de Gabrielle Chanel ?

Il y a des liens esthétiques évidents. Dans le parfum comme dans le travail que Gabrielle Chanel effectuait sur les diamants, on retrouve ce sens de l’épure, cette rigueur qui n’est jamais minimaliste. Le parfum N° 5, comme les bijoux, sont deux choses que l’on porte directement sur la peau, que l’on ressent et qui offrent une expérience intime. À la place d’une goutte de N° 5, Marilyn Monroe aurait, peut-être, pu dire qu’elle ne portait qu’un diamant pour dormir… Je dirais aussi que le 5 est facetté et miroite comme un diamant. Il y a une notion de rayonnement, de richesse dans son sillage que l’on retrouve dans la haute joaillerie.

Comment traduire l’essence d’un parfum, par définition éphémère, dans du métal et des pierres, de nature éternels ?

Le parfum aussi est éternel. Dans la nuit des temps, il servait à embaumer les morts, il parle d’éternité, il relève du sacré, comme les bijoux d’ailleurs, dont les gemmes intercèdent avec le divin. Inversement, quoi de plus fugace que les éclats d’une pierre, que la lumière qui chatoie sur la peau ?

Vous avez dit que « le 5 est un mètre étalon en tout », au point d’ailleurs d’être la muse d’une collection de haute joaillerie…

Cela prouve la force absolue de ce parfum capable de tout inspirer, même des choses a priori contre-intuitives. Patrice Leguéreau, qui a imaginé la « Collection N° 5 », ne s’est pas contenté de reproduire la forme du flacon mais il a pris une distance, de la liberté par rapport à la fragrance pour en saisir l’esprit. Le N° 5 est une idée et un viatique. Il porte l’imagination, donne des ailes.

Qu’est-ce qui fait qu’un objet devient une icône ?

Cela se fabrique avec le temps. Au début du XXe siècle, qui aurait pu parier qu’un flacon de laboratoire allait devenir un produit de luxe et une icône mondiale de la parfumerie ? Il faut de la chance, croiser les draps de Marilyn Monroe, le « pinceau » d’Andy Warhol. Mais il faut surtout que l’objet reste un modèle vivant pour la société, qu’il parle la langue de son temps, qu’il reste le référent de son époque sans avoir peur de se laisser contaminer par elle.

Thomas du Pré de Saint Maur. – © CHANEL

Qu’est-ce que Chanel a apporté à la joaillerie ?

La notion de collection qui n’existait pas du tout dans cet univers. Gabrielle Chanel a été la première à présenter en 1932 un ensemble de parures sous un thème défini, « Bijoux de diamants ». La joaillerie qui était un art de la commande a été transformée par Chanel en un nouveau champ du luxe avec des collections, une fonction, une stratégie globale, une ambition derrière la création. Créer une collection de joaillerie mettant en avant le porté, la qualité de l’expérience, le sentiment d’exclusivité ressenti par la femme était vraiment avant-gardiste. Une robe peut être taillée dans les étoffes les plus précieuses au monde, si elle tombe comme un sac, si l’on ne se sent pas bien dedans, cela n’est pas un objet de luxe. Il en va de même pour un bijou. Je pense aussi que Chanel a apporté de l’allure à la haute joaillerie. C’est une marque qui rend remarquable. C’est le style qui gouverne plus que l’objet. Mais du moment que l’on reste dans l’écriture de Chanel, tout devient possible.

Comment définiriez-vous cette écriture ?

Il y a une certaine légèreté mais pas de fragilité dans l’écriture joaillière. Les pièces racontent peu d’histoires, ne sont pas poétiques ni ne versent dans l’onirisme. Elles doivent se tenir. Elles peuvent refléter aussi une forme de jusqu’au-boutisme dans le graphisme de leurs lignes, dans l’emploi des couleurs, le recours aux monochromes. La joaillerie de Chanel ne transige sur rien.

Pourquoi avez-vous choisi Marion Cotillard pour porter le collier « 55.55 » ?

Nous voulions travailler avec Marion Cotillard depuis longtemps. C’est une actrice qui véhicule cet esprit français, cet ensemble assez fluide de règles et de libertés octroyées. Ce collier incarne extraordinairement cette idée du N° 5. Marion Cotillard, égérie du N° 5, devait le porter.

Extrait N°5 1924 Collection Patrimoine de Chanel, Paris. – © CHANEL
Auteur : Frédérique Dedet
Source : serielimitee.lesechos.fr

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