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Oui, le surf est une forme de thérapie (et voici pourquoi)

Bien plus qu’un sport ou qu’une philosophie de vie, le surf est une porte d’entrée vers le bien-être. Ce sont là les vertus de la « surf-thérapie ».

« La peur engendre l’hésitation et l’hésitation engendre ce pourquoi tu avais peur », entend-on de la bouche de l’inestimable – autant que zinzin – Bodhi, éternel (anti)héros du film culte Point Break. Incarné par Patrick Swayze, Bodhi est un gourou et un braqueur plutôt agressif, certes, mais c’est aussi un philosophe. Entre deux hold-ups, le surfeur surdoué initie le flic Johnny Utah (notre petit ami Keanu Reeves) à la puissance spirituelle des vagues.

Une réponse aux traumatismes

Le surf est un moyen de se reconstruire. C’est Psychology Today qui nous l’assure en s’appuyant sur les propos de Josh Izenberg, le réalisateur du documentaire Resurface (à voir sur Netflix). Selon l’artiste californien, ce sport aquatique permet d’atténuer les effets du trouble de stress post-traumatique – ces symptômes que l’on éprouve suite à une expérience douloureuse, qu’il s’agisse de difficultés physiques ou psychologiques. Car face à ce que l’on appelle le « PTSD », l’océan démontre bien des vertus thérapeutiques. Il fait du bien à la santé mentale de ceux et celles qui le pratiquent. C’est pour cela, nous dévoile Izenberg, que des anciens combattants sortent leur planche. Hélas, selon le média, trop nombreuses sont les troupes à reporter de tels symptômes, « mais 40% seulement demandent de l’aide ».

Oui, mais pourquoi le surf en particulier ? C’est simple. La zone d’action est limitée, la concentration doit être maximale, l’activité est solitaire (même si elle peut être encadrée), des compétences se doivent d’être acquises (comme un enseignement) et ce suivant l’état puis l’évolution de notre « compréhension intuitive des forces de la nature ». En cela réside la dimension de bien-être, insaisissable : cette équation entre les efforts physiques concrets qu’il nous faut fournir et une force abstraite, celle de l’environnement et des sensations qui nous submergent. C’est pour cela, explique le documentariste, que le surf peut « aider à guérir le corps, le cerveau, les blessures psychiques ». D’aucuns parlent alors, plus que de surf, « d’océanothérapie ».

Le pouvoir du surf

Mais en vérité, par-delà les cas très précis de Marines s’initiant à la « surf-therapy », les convictions du documentariste pourraient parler à n’importe qui. Josh Izenberg insiste d’abord sur la « capacité cathartique » de la mer. Celle-ci nous aide à « dissiper nos émotions négatives » en les intégrant à quelque chose de beaucoup plus grand que nos existences individuelles. Et puis, il y a cette idée de « zone » suggérée par l’océan. Vous pénétrez dans un cadre où les soucis du quotidien, eux aussi, vont peu à peu se dissoudre. Enfin, le surf vous oblige à vous focaliser sur une tâche et des mouvements précis, coordonnés. « A rester dans le présent », théorise l’érudit. Puis l’instant présent laisse la place à « la montée d’adrénaline », excitante pour qui la ressent.

Enfin, nous détaille encore Psychology Today, le surf, comme toute activité physique, épuise le corps. Il permet ainsi de mieux dormir la nuit et s’avère d’une aide non négligeable pour les insomniaques les plus coriaces. L’on pourrait d’ailleurs dire que la singularité « thérapeutique » du surf, c’est justement ce rapport au temps. Il y a l’instant, où tout s’écrit encore (la montée sur la planche, l’écoulement diffus des vagues), le caractère imprévu de l’avenir (le vent, les bourrasques de l’eau) mais également quelque chose de plus distendu : le surf est une invitation à la contemplation, et donc un retour vers soi. Comme une sorte de cocon aquatique. Mais un cocon qui, bien qu’éventuelle « zone de confort », n’exclut aucune chute. Et nous oblige à nous relever, encore et toujours. C’est en cela, décoche Izenberg, que « l’océan est à la fois incroyablement doux et incroyablement féroce ».

Se relever, toujours

Se relever, toujours, en trouvant son rythme, tout comme l’on modulerait sa respiration, voilà l’une des épreuves, aussi bien physique que philosophique, que nous offre le surf. Et nombreux sont ceux à croire en ces vertus. Prenez l’américain Tim Conibear, par exemple. Il en fait le sujet d’une conférence TedX, intitulée « une vague de changement » (A Wave of Change) mais aussi le sens de son organisme Waves for Change, fournissant un service de santé adapté aux enfants vivant au sein de communautés instables. L’idée ? Leur proposer au sein d’espaces sécurisés des sessions hebdomadaires de surfothérapie afin qu’ils puissent faire face au stress. Sur le site de Waves for Change, Coniber parle de « relation de guérison » : à ses yeux, le surf est un remède qui agit aussi bien sur notre santé physique que sur notre santé mentale et comportementale. Il permet de « faire des choix de vie positifs ».

Tim Conibear s’est particulièrement intéressé aux enfants d’Afrique du Sud. Selon lui, cela fait dix que la « surf-therapy » fait ses preuves. Elle porte à la fois un discours écologiste (nous rappelant l’importance de protéger les voies navigables et les océans) et un message spirituel : « les ondes sont des médicaments pour ceux qui en ont le plus besoin ». L’espace d’un long reportage de The Independent, le surfeur évoque cette sensation qu’a ressenti un jeune garçon en chutant au creux d’une vague : « la hauteur, la force, la fierté et la puissance de la mer le faisait avancer. Il parlait d’une liberté sans pareille, d’une évasion totale hors de l’instant ». L’océan nous offre cela, mais il nous offre aussi un « lien ». La relation que nous entretenons avec la mer est spontanée. Elle exige une forme de confiance et de lâcher-prise. C’est en cela que le surf est indissociable en bien des points « des mécanismes d’adaptation de la vie réelle », nous affirme Conibear.

Sur la planche

« Sur la planche, je recherche des sensations », chantonne La Femme. Mais ce que l’on y trouve dépasse volontiers les mots. Le site spécialisé Surfer Today s’exerce pourtant à définir cette drôle d’impression. Ce « pouvoir psychologique », lit-on, que possède l’océan. En le regardant, nous ressentons un sentiment d’émerveillement mâtiné de crainte toute naturelle. Ainsi s’exprime notre rapport « à quelque chose de vaste et de nouveau ». Un quelque chose qui nous est à la fois familier et étranger, et qu’il convient d’appréhender sans pour autant se penser roi du monde. Cette vision-seule suffit à notre bien-être. Car, au fond, « c’est comme regarder les étoiles ».

Auteur : Clément Arbrun
Source : www.terrafemina.com

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